Affamée...

Penser ensemble ce que les temps actuels veulent séparer.

Armée du fol désir de voir, de connaître, d’apprendre ; curieuse de tout, j’ai l’énergie naïve des émerveillés.

Passionnée chronique, j’ai la liberté sauvage et le bon sens paysan.

Greffée à la scène depuis l’adolescence, J’ai un contact organique avec le théâtre ; il est ma raison et mon achèvement.

La danse, le chant ont affûté mon “instrument“ ; sans oublier la peinture qui me permet d’aborder instinctivement mes textes par le prisme de la couleur.

Le Plateau est pour moi un sanctuaire où l’énergie poétique du corps se doit d’être insolente, irrévérencieuse et libre !

L’Art ne permet ni de gommer ni de supprimer effectivement les rapports de classe et de domination entre les hommes. La parole n’a le pouvoir que de dire, elle peut dénoncer une cause ou prendre parti pour une cause, mais elle ne peut prétendre à aucune universalité.

Le théâtre parle du monde, il ne peut faire que cela. Il le met en actes et en fragments sur l’espace d’une scène. Il porte un regard sur le monde ; sur la capacité de voir la même chose.

Je refuse d’intellectualiser ma pratique théâtrale ; mon seul guide c’est l’émotion. L’émotion qui fait naître la pensée. Echapper à la sédentarisation des esprits et des corps, qui est le deuil annoncé de la création, de l’invention et de la quête artistique. Avoir un réel souci du texte, servi par le biais d’un théâtre de la chair et des passions. Je veux un jeu vivant et entier.

J’ai la nécessité de servir la “tradition“ pour mieux appréhender la modernité.

Je m’intéresse, avec la même passion, au souffle des grands textes et à l’écriture contemporaine, ou encore une “écriture en marge“ qui propose une nouvelle forme pour investir une périphérie jusqu’alors inconnue.

Je veux faire entendre des auteurs contemporains vivants, dont l’écriture insolente et sensuelle, parfois violente, vient dire quelque chose des déchirures internes du monde et des individus qui l’habitent.

Je m’interroge conjointement sur l’acte intime, personnel de résistance. La capacité de dire “non“, de refuser ce qui nie les valeurs que l’on porte, de défendre des principes et surtout sur la responsabilité de l’artiste vis-à-vis de la façon dont il décide ou non de porter à la scène ou à l’écran cette indignation.

Je reste persuadée que l’artiste se doit de participer à la formation de citoyens curieux et critiques du monde dans lequel ils évoluent.

Je cherche plus que jamais quelque chose que je ne connais pas.

Ne plus attendre mais donner à “voir“.